Dans la grande marmite de l’électronique britannique, Funki Porcini est ce champignon psychédélique (le dérivé du Funghi Porcini, ou cèpe de Bordeaux) qu’on ne trouve qu’au détour d’un rêve étrange, entre deux beats bancals et une nappe de jazz vaporeuse.
Né James Patrick Darcy Braddell à Londres, il a choisi un pseudonyme hommage au cèpe italien, mais ce n’est pas dans les sous-bois qu’il a fait pousser sa légende, c’est sur les platines et dans les studios, avec un flair unique pour le groove mutant et la blague absurde.
Un parcours de mycologue cosmique
À 19 ans, Funki Porcini s’arrache à l’anglaise pour un road trip initiatique. Avant de devenir la coqueluche du label Ninja Tune, Funki Porcini a empilé les jobs improbables (magasinier à Westwood, squatteur à Londres, saxophoniste dans un entrepôt hanté par les Residents à San Francisco), avant de s’installer en Italie pour composer de la musique de film et de télé.
C’est là qu’il a commencé à distiller son groove mutant, entre jazz surréaliste, bruitages trouvés sous le tapis, et beats qui semblent avoir été enregistrés dans une salle de bains remplie de chats insomniaques . Dix ans plus tard, il revient au bercail, signe chez Ninja Tune et largue sur le monde « Hed Phone Sex » (1995), un album qui sent la moquette humide et les vinyles oubliés. Suivront « Love, Pussycats and Carwrecks » contenant le magnifique et énigmatique « Purrfect », « The Ultimately Empty Million Pounds », « Fast Asleep », « On », « The banket Cassio »… pour ne citer que ceux-la.
En découlera… Une discographie aussi foisonnante qu’un panier de champignons après la pluie.
Le son Porcini : entre coussin moelleux et nappes en toiles cirées subtiles
Son premier album, « Hed Phone Sex », sort en 1995 et pose les bases : downtempo ouaté, drum’n’bass qui tangue, humour tordu, samples qui clignotent comme des lucioles insomniaques. Funki Porcini ne fait pas de la musique pour danser, mais pour flotter, rêver, et parfois rire jaune. Ses disques sont des oreillers sonores où l’on s’endort avec le sourire, ou des bandes-son de films imaginaires où il ne se passe rien, mais tout est important.
… et jazz mutant, avec beats bancals et humour anglais
Funki Porcini, c’est le roi du downtempo déviant, du breakbeat jazzy, du sample improbable qui fait sourire à 3h du matin. On y croise des synthés qui flottent, des batteries qui trébuchent, des voix sorties d’un poste de radio oublié, et des clins d’œil à la drum’n’bass et au hip-hop. C’est la bande-son idéale pour regarder les lampadaires défiler depuis un taxi, ou méditer sur la beauté d’un chat qui dort sur une MPC. Chez Ninja Tune, il est le grand provocateur, l’humoriste discret qui glisse des blagues absurdes dans les interstices de ses morceaux. Il mélange le jazz, la logique du rêve, la synthèse étrange et la poésie de la bricole.

Toujours à la marge, jamais à côté
Jamais là où on l’attend, Funki Porcini change de peau parfois (Giacomo Braddelini avec 9 Lazy 9), s’auto-produit essentiellement, collabore avec des vidéastes, et sort des albums à la pelle sur Bandcamp, du plus conceptuel (« Conservative Apocalypse ») au plus groovy (« Incredible Vinyl »). Il n’a pas besoin de la hype : il préfère la liberté, la poussière des samples, et les détours imprévus.
« Funki Porcini, c’est un peu le David Lynch du downtempo : on ne comprend pas toujours, mais on en redemande ! »
Prescription obligatoire
Si vous n’avez jamais goûté à la cuisine sonore de Funki Porcini, il est temps d’ouvrir grand vos oreilles et de vous laisser emporter. Sa musique, c’est un antidote à la morosité, un voyage sans GPS, une invitation à danser sur la moquette du salon avec un sourire en coin. À consommer sans modération, même par temps de pluie ou chaleur caniculaire !
Funki Porcini : pour ceux qui aiment leurs beats comme leurs champignons : un peu tordus, toujours savoureux, et résolument inclassables.