Moments 80’s : Walking Into Sunshine – Le Britfunk radieux et l’échappée lumineuse de Central Line

« Walking Into Sunshine » est le single signature du groupe britannique Central Line, sorti en 1981 sur l’album Breaking Point. Le morceau a marqué tant les charts que les dancefloors, atteignant la 14e place du classement R&B et la 5e place du Dance Chart aux États-Unis, tout en s’imposant comme un hymne de l’underground britannique et new-yorkais grâce à la légendaire version remixée par Larry Levan au Paradise Garage.

Roy Carter et Larry Levan

Central Line se forme à Londres en 1978 autour d’anciens membres du Typical Funk Band, avec Lipson Francis, Henry Defoe, Linton Beckles et Camelle Hinds. Leur volonté : synthétiser l’énergie du funk américain comme Kool & The Gang ou Earth, Wind & Fire, avec une sensibilité très anglaise et une approche jazz-funk moderne. Après quelques essais modestement reçus, le groupe collabore avec le producteur Roy Carter (ex-Heatwave) pour « Walking Into Sunshine », co-écrit par Carter, Francis et Beckles. Enregistré à Scorpio Studios, Audio International et Nova Sound Studios à Londres, le morceau bénéficie d’une production soignée et de touches électroniques distinctement britanniques, où synthétiseurs, basse ronde et percussions jouent à égalité.

La sortie du remix monumental de Larry Levan sur le mythique label Mercury en 12″ au Paradise Garage consacrera le morceau comme une référence club planétaire, consolidant le pont musical entre la funk londonienne et la scène dance de New York.

Au-delà de l’euphorie musicale, « Walking Into Sunshine » véhicule une sensation de lassitude urbaine et de quête d’évasion. Le texte se fait réflexion sur le blues du quotidien et la volonté farouche de « marcher vers la lumière » ; la métaphore solaire exprime le besoin d’air, de vacances, loin de la grisaille et de la pression de la ville :

« I can’t stand it, this kind of life is not for me… I gotta get away »
« Je ne supporte pas ça, ce genre de vie n’est pas pour moi… Je dois m’enfuir. »

Le titre, paru après les émeutes de Brixton et de Toxteth au Royaume-Uni en 1981, résonne notamment dans les communautés black britanniques pour qui le « soleil » incarne un horizon d’espoir, d’accomplissement et de spiritualité. Comme le décrivait Linton Beckles, le morceau utilise « un langage spirituel pour parler de l’envie d’avancer, de s’accomplir ».

Musicalement, le morceau incarne la chaleur, la lumière et la bonne humeur : rythmique enlevée, refrain rayonnant, claviers lumineux et groove irrésistible – tout invite à la danse et à l’optimisme.

Anecdotes

  • Le remix de Larry Levan, long de plus de 8 minutes, sera un tube monumental dans le clubbing new-yorkais et dans l’histoire de la house naissante, servant d’inspiration à toute une génération de DJs et de producteurs.
  • Central Line a partagé la scène avec des pointures comme The Real Thing, Roy Ayers et Grover Washington Jr., renforçant leur crédibilité parmi les « pionniers » du Britfunk.
  • En 2007, l’album Breaking Point figure dans la liste des « 1000 albums à écouter avant de mourir » du Guardian.
  • Le titre connaîtra de multiples rééditions, sampling et hommages, restant un incontournable du dancefloor pour les amateurs de funk old school et de disco anglaise.

Avec « Walking Into Sunshine », Central Line lègue à l’histoire du funk une ode à l’évasion, solaire et résolument britannique. Hymne fédérateur du Britfunk, le morceau conjugue groove, désir d’ailleurs et fraternité en une promesse musicale : foi en des lendemains radieux, sur le dancefloor comme dans la vie réelle.

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