William R. Burnett, c’est le parrain du roman noir, le mec qui a posé les bases du mythe gangster en littérature et au ciné. Né en 1899 dans l’Ohio, il a kiffé la rue en bossant comme agent d’accueil de nuit dans un hôtel glauque à Chicago, où il a croisé les vrais bandits, cagoulés à la sauce prohibition. C’est là qu’il a écrit « Little Caesar » (1929), le premier roman « hard boiled » qui a tout défoncé en ouvrant la voie au genre, transformé ensuite en film culte en 1931 avec Edward G. Robinson en boss du crime.

Le gamin Burnett, c’est pas un héros propre sur lui, c’est un narrateur qui donne la voix aux gangsters, ceux qui vivent de la nuit, qui rêvent de s’en sortir mais se font bouffer par la cité, la corruption, et la loi qui joue à la chienlit.
De la rue à Hollywood : l’écrivain qui a réinventé le crime à l’écran
William R. Burnett a explosé à Hollywood comme un vrai boss du style gangster, pilonnant les scénarios et révolutionnant le cinéma noir. Après le succès de « Little Caesar » (1929), il s’est fait notamment remarquer avec la scénario de « Scarface » (1932), et même si Howard Hawks a retoqué son script, son empreinte demeure. Mais l’apogée de son influence scénaristique réside dans « The Asphalt Jungle » (1949). Le film réalisé par John Huston est un chef-d’œuvre du film noir où les rouages du crime en milieu urbain sont dépeints avec une brutalité et une précision chirurgicale.

Burnett ne se contente pas de raconter des histoires de bandits classiques : il capture le côté sombre et cruel de la ville américaine, dépeignant un milieu gangrené par la corruption, la peur et la lutte de pouvoir. Son écriture fracasse les clichés romantiques et propose un univers où les criminels sont aussi bien les maîtres que des prisonniers de ce système implacable. Son style est dur, direct, fait de dialogues qui claquent et d’ambiance où la lumière ne filtre jamais vraiment.

Un univers impitoyable où l’espoir n’est qu’un luxe inaccessible, chaque planque se transforme en piège mortel, dans une véritable jungle d’asphalte. Au-delà d’avoir influencé les fondamentaux du genre, Burnett a collaboré avec des icônes du cinéma comme Humphrey Bogart, Marilyn Monroe qui s’est faite remarquer dans l’adaptation de The Asphalt Jungle, John Wayne, vedette de Dark Command (1940), Steve McQueen pour lequel il a écrit le scénario de La Grande Évasion (1963), sans oublier James Cagney et Robert Mitchum, associé au scénario de The Racket (1951). Son style gangsta, brut et sans concession, a imprimé Hollywood d’une marque indélébile, forgeant un cinéma noir et réaliste qui reste une référence incontournable.
Le roman de la pègre sans fard : destins déchus et lutte contre le système

William R. Burnett casse tous les clichés manichéens du roman policier. Ses personnages ne sont pas juste des méchants ou des héros, mais des âmes perdues, victimes d’un système qui broie autant les rues que les institutions politiques, que tu sois dans un quartier chaud ou à la Maison Blanche. Ils cherchent une dernière chance, un ultime coup d’éclat, mais c’est souvent le cauchemar qui les rattrape. Burnett est le dealer de punchlines qui claquent, la voix brute et sans filtre de la pègre, brossant des destins brûlés par la haine et la frustration. Il invente un univers « gangsta » où le rêve américain vire au cauchemar, mêlant la violence urbaine à une mélancolie puissante, un jeu du chat et de la souris avec la fatalité.

Dans ses romans comme The Asphalt Jungle ou Little Men, Big World, il peint une ville vivante mais implacable, un organisme gigantesque et sans âme rongé par la corruption, la criminalité et la nostalgie d’un passé perdu. Pas de spectaculaire chez lui, mais un focus sur la psychologie des personnages et leurs ambiances poétiques, ce qui leur donne une profondeur rare. Ses femmes ne sont pas des sirènes fatales, mais des figures humaines, parfois vulnérables, parfois destructrices.

Son œuvre est un hymne aux bas fonds, une plongée dans l’âme noire des États-Unis où les héros trébuchent autant à cause de leur ego que des forces extérieures. Burnett mélange réalisme brutal et poésie, faisant de chaque récit une tragédie urbaine où la chute est inévitable, mais où chaque personnage lutte contre son destin jusqu’au bout. Son héritage brûle encore dans la culture urbaine et le cinéma noir, pionnier d’un style noir pur jus qui continue d’inspirer et d’irriter les codes établis

Un style qui brûle encore les écrans et les pages
William R. Burnett reste une figure incontournable, quoique souvent sous-estimée, du roman noir et du scénario hollywoodien. Auteur d’une trentaine de romans et autant de scénarios, il a su écrire la criminalité américaine avec un réalisme brut et une finesse psychologique rarement égalés. Son œuvre dépasse le simple récit policier pour devenir une véritable comédie humaine sombre, où le crime et la corruption incarnent le miroir déformé des rapports sociaux.

Influencé par les grands écrivains européens du XIXe siècle, son style mêle dialogues percutants et descriptions poétiques, donnant vie à un univers criminel à la fois cruel et fascinant. Même si sa notoriété n’a jamais égalé celle de ses contemporains, son héritage brûle encore dans la culture urbaine et le cinéma noir, où ses visions mordantes et sans concessions continuent d’inspirer et de dérouter. Burnett a posé les bases d’un genre littéraire et cinématographique essentiel, celui qui refuse la rédemption facile pour livrer une version implacable de l’Amérique…
Willaim R. Burnett (1899 – 1982)