Naissance dans le chaos, rire dans le chaos
Richard Pryor, c’est un peu comme si la vie avait décidé de mélanger un cocktail explosif avec du génie, de la folie, et un zeste de poudre à canon. Né le 1er décembre 1940 à Peoria, dans l’Illinois, dans un bordel tenu par sa grand-mère (oui, vous avez bien lu), avec une mère prostituée et un père proxénète, Pryor n’a jamais vraiment eu le mode d’emploi pour une enfance classique. À côté de son arbre généalogique, celui des Addams ressemble à une pub pour la sécurité sociale.
Le stand-up, ou l’art de balancer sa vie sur scène
Après avoir survécu à une enfance plus mouvementée qu’un épisode de Jerry Springer, Pryor débarque sur les planches des cabarets américains et canadiens. Rapidement, il se fait remarquer pour son humour mordant, qui n’épargne personne, surtout pas lui-même. Il crée notamment le personnage de « Supernègre », qui aurait fait s’étouffer d’indignation n’importe quel censeur de l’époque, mais qui a surtout fait hurler de rire une Amérique en pleine crise identitaire.
Hollywood, baby !
Côté cinéma, Pryor débute en 1967 dans The Busy Body. Mais c’est dans les années 70-80 qu’il explose littéralement (on y reviendra, promis) avec des rôles dans des films cultes comme Transamerica Express (1976), Faut s’faire la malle (1980), Superman III (1983), et Comment claquer un million de dollars par jour (1985). Sa complicité avec Gene Wilder donne naissance à un duo mythique, aussi improbable qu’un mariage entre un clown triste et un prestidigitateur sous acide.
La folie, c’est son carburant
Mais Richard Pryor, c’est aussi l’homme qui a fait de ses démons des sketchs. Il a transformé ses addictions en punchlines, ses crises en spectacles. Dans les années 80, alors qu’il est au sommet, il s’offre une expérience de chimie maison : lors d’un trip de freebase (cocaïne chauffée à la cuillère, pour les non-initiés), il s’asperge de rhum et s’enflamme littéralement. Résultat : six semaines à l’hôpital, des brûlures sur plus de la moitié du corps, et un nouveau sketch pour son spectacle Live on the Sunset Strip où il raconte l’incident avec un humour noir… flamboyant.
« On dit que j’ai mis le feu à ma maison en freebasant. C’est faux. C’était un accident de cuisine… j’ai juste essayé de tremper un cookie dans du lait écrémé, et BOUM ! »
- Richard Pryor, Live on the Sunset Strip

Dépendances, rédemption et retour (encore et encore)
La drogue, l’alcool, les femmes, la folie : Pryor a tout consommé avec excès. Plusieurs cures de désintoxication, des rechutes, et une capacité inouïe à transformer ses galères en or comique. Même la sclérose en plaques, diagnostiquée en 1986, ne l’empêche pas de continuer à faire rire, parfois en fauteuil roulant, toujours avec la même rage de vivre et de choquer.
Un palmarès à faire pâlir les dieux du stand-up
Cinq Grammy Awards, un Emmy, le tout premier Mark Twain Prize de l’humour, numéro un sur la liste des plus grands comédiens de stand-up de tous les temps selon Comedy Central et Rolling Stone. Même les Oscars ont dû installer un bouton « bip » spécial pour lui, histoire d’éviter que la cérémonie ne vire au stand-up interdit aux moins de 18 ans.
Richard Pryor, c’est…
- Un survivant de sa propre légende.
- Un homme qui a brûlé la chandelle par les deux bouts (et la maison avec).
- Le seul comique capable de transformer un drame en éclat de rire universel, et de faire passer la folie pour une forme supérieure de lucidité.
Richard Pryor, c’est l’Amérique qui rit de ses blessures, qui crie ses contradictions, et qui, parfois, s’enflamme… pour mieux renaître sur scène.