Charlie Sheen : la décadence en streaming

J’ai regardé le documentaire Netflix sur Charlie Sheen, et l’impression est limpide : on est face à un produit calibré, destiné à être consommé, commenté vite fait, puis oublié. Ce n’est pas vraiment une plongée dans le chaos, mais une mise en scène hollywoodienne de la déchéance, pensée pour coller aux codes du binge-watching.

L’excès devenu divertissement

Le doc passe en revue tout ce qu’on connaît déjà : la dope, les escortes, la guerre avec les studios, les unes scandaleuses. Un best-of de frasques qui, paradoxalement, finit par ressembler à une télé-réalité montée avec soin. Rien ne mord vraiment. À la fin, ce n’est pas l’expérience de la transgression qu’on garde en tête, mais l’impression d’avoir avalé un résumé sous-titré de l’autodestruction version blockbuster.

La gestion impossible de la démesure

Le cas Sheen interroge surtout sur la gestion de la démesure dans le système hollywoodien. D’un côté, on laisse l’acteur exploser comme une bombe médiatique, capitalisant sur chaque dérapage pour nourrir la machine à spectacle. De l’autre, on tente de recadrer, de lisser, de transformer ce chaos en produit vendable : confessions lacrymales, images d’archives rutilantes, interview pseudo-introspectives. Ce que Charlie vit comme une furie débridée devient, une fois retraité par le système, une marchandise aseptisée. Mais c’est justement là que gît le problème : la démesure, par essence, ne se gère pas. On peut l’exploiter, on peut l’éteindre, mais jamais l’absorber sans la neutraliser.

Un chaos prévisible

Charlie avait tout pour incarner l’anti-héros américain : gosse d’Hollywood, star planétaire, autodidacte de la démesure, psy pour son père sur le tournage d’Apocalypse Now, Chris Taylor dans Platoon et j’en passe…. Son parcours suit une trajectoire tellement balisée qu’il finit par tourner en rond. Le sauvage est déjà apprivoisé, le monstre est domestiqué dès 1986 pour sa parabole sur Netflix. Même ses punchlines, autrefois explosives, se sont dissoutes en « memes » fatigués et recyclés sur TikTok.

Martin et Charlie Sheen dans Wall Street d’Oliver Stone (1987)

Épiphanie ou produit dérivé ?

Le documentaire voudrait nous vendre une quête de rédemption, mais on n’y lit guère plus qu’un storytelling édulcoré. Le chaos de Charlie n’a plus rien de scandaleux ni de fascinant : Après avoir perdu multitude de neurones, la patience de son père et des millions de dollars en coke, il est devenu vendable, compressé, optimisé pour l’algorithme. Comme si l’outrance, une fois filmée pour un public de masse, se réduisait à une case supplémentaire sur le menu d’un géant du streaming.

L’éclat qui file droit vers l’oubli

Au fond, ce qui frappe, c’est la brièveté de ce genre de mythologie. Le documentaire se consomme avec la même énergie qu’une série mineure, et se range aussitôt dans le placard mental des anecdotes. Charlie se dilue dans sa propre caricature. Le chaos qu’il incarnait n’est plus une cicatrice culturelle, mais un bruit de fond qui se dissout dans l’océan du divertissement. On comprend pourquoi Emilio et son père n’ont pas voulu participer au projet… A côté de son pote (dealer) Marco, cela aurait fait mauvais genre.

Charlie (déjà) en junkie au poste dans « la folle journée de Ferris Bueller » 1986

Ce qui est sur, c’est qu’au vue des différents records de conso de drogue à son palmarès (un caillou de crack de 7g fumé en une seule prise, tout de même), et le reste de ce qu’il a expérimenté, notre « oncle » Charlie, n’aura certainement pas la longévité d’un vieillard du show biz comme l’on eu d’autre, Charlie avant lui… Aznavour, Chaplin ou Oleg…. pour n’en citer eu 3 !

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