Gonks Go Beat : la claque pop la plus barrée des sixties

Imaginez un mélange improbable entre Romeo & Juliet, une invasion d’aliens et une guerre de clans entre fans de rock et amateurs de ballades. Voilà en gros l’histoire de Gonks Go Beat, un film anglais de 1965 produit par Robert Hartford-Davis, qui s’est peut-être fait une place dans l’histoire du cinéma comme un des pires films jamais réalisés, et en même temps un chef-d’œuvre de bizarrerie et de décalage carnavalesque.

Le pitch ? Une Terre futuriste où deux tribus rivales, les « Beatland » et les « Ballad Isle », se déchirent au son d’instruments électriques et de mélodies désuètes. Un agent alien, incarné par Kenneth Connor dans un rôle aussi délirant que surjoué, vient tenter d’unifier ces factions guerrières par la musique et l’amour forcément version pop acidulée des années 60.

Des Gonks partout… sauf à l’écran

Le film tire son nom de ces peluches rondes et rigolotes, les « Gonks », qui pullulaient alors en Angleterre. Ils apparaissent surtout dans le générique, et jouent un rôle symbolique à peine au-delà du décor, avec un traitement visuel aussi cheap que le reste du film. Ce détail cocasse illustre bien le ton général : un spectacle à la fois drôle, crétin, mais étrangement attachant.

Un kaleidoscope musical chaotique

Avec pas moins de 16 numéros musicaux, entre pop, rock, rythmes beat et ballades parfois mollassonnes, on navigue dans une sorte de clip géant où le scénario semble un prétexte dispensable. Lulu, les Nashville Teens, la Graham Bond Organisation avec Ginger Baker, Jack Bruce et Dick Heckstall-Smith, se succèdent avec un enthousiasme aussi évident que l’amateurisme artistique. Des scènes comme un combat de groupes jouant à bord de voitures ou une prison rythmée par des tambours restent gravées dans la mémoire pour leur incongruité totale.

Un monument du nanar british

Critiques d’époque et d’aujourd’hui s’accordent à dire que le film est un naufrage sur tous les plans : scénario ridicule, dialogues navrants, jeu d’acteur inégal, décors en carton-pâte et montage approximatif. Mais c’est aussi ce cocktail maléfique qui en fait un artefact culte, une capsule temporelle délirante qui capte l’esprit foutraque des sixties comme nulle autre œuvre. Une œuvre à voir pour rire, s’interroger sur les limites du musical pop, ou simplement vibrer dans un trip visuel psychédélique et kitschissimo.


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